À la fin du mois de février dernier (2024), Ariel Henry, alors premier ministre encore en fonction en Haïti, voyagea au Kenya pour finaliser et signer le contrat devant autoriser le déploiement de policiers kenyans sur le territoire de la République d’Haïti dans le cadre d’une Mission multinationale d’appui à la sécurité. Malgré une poussée de choléra au Kenya et des soulèvements populaires en raison de problèmes internes même à ce pays, le premier contingent de policiers kenyans a atterri à l’aéroport de Port-au-Prince à la fin du mois de juin dernier. Ils ont été rejoints par quelques policiers jamaïquains. On en attend deux mille cinq cents au total.
Ariel Henry, comme on le sait, n’est plus au pouvoir. Les gangs auraient profité de la circonstance de son voyage au Kenya pour se mettre d’accord et faire obstruction à son retour au pays. Les instances dirigeantes du pays les auraient pris au mot. Et l’on a procédé en avril dernier à l’installation d’un Conseil Présidentiel de Transition constitué de neuf membres dont deux observateurs. Le Conseil a fait choix d’un premier ministre parmi les candidats qui lui ont été proposés, et depuis, ce Premier Ministre, Garry Conille, un ancien employé des Nations-Unies, a formé un gouvernement actuellement en fonction. La feuille de route du Conseil et du gouvernement se résume en ces points : pacifier l’espace de Port-au-Prince, faire un référendum pour modifier la Constitution, ériger un Conseil Électoral et procéder à des élections pour que le pays puisse enfin rentrer dans un processus de stabilité. La présidence du Conseil se fait à tour de rôle, et doit se renouveler tous les six mois. Edgard Leblanc Fils fut le premier président.
Le Conseil Présidentiel, par la voix d’Edgard Leblanc Fils, a remercié, lors de la soixante-dix-neuvième Assemblée générale des Nations-Unies tenue en septembre dernier à New York, les pays qui ont fait bon accueil aux migrants haïtiens. Il a fait mention du contexte particulier dans lequel évolue le pays et en a profité pour parler de la dite dette de l’indépendance. Il a aussi rappelé qu’Haïti n’a pas toujours été dans cet état lamentable où il se trouve actuellement. Haïti est né grand et il a été généreux avec le monde. Alors que les balles continuent de siffler et de faire des victimes dans le pays et que les gangs continuent d’être alimentés en armes et mutions, le Conseil appelle à convertir la Mission d’Appui à la Sécurité en une Mission de Maintien de la Paix de l’ONU.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutierres, a évoqué, à son tour, les difficultés qu’il éprouve alors qu’il cherche à réunir quelques « centaines de millions de dollars » pour le dossier haïtien. La Communauté Internationale lui aurait répondu à tous les coups qu’il n’y a pas de fonds disponibles à ce propos. Voilà, explique le Secrétaire Général de l’ONU, qui est « absolument incompréhensible et inacceptable », alors qu’il s’agit, reconnaît-il, de « l’une des situations humanitaires aujourd’hui les plus désastreuses ».
Ces derniers jours, en Haïti, à Pont-Sondé, dans le département de l’Artibonite, des gangsters ont tué par balles près de 70 personnes – dont des femmes et des enfants. Le Premier Ministre et la Police haïtienne ont été sur les lieux. D’un autre côté, le gouvernement de la République Dominicaine continue d’envoyer des gens, certains vivants sur le territoire dominicain depuis des générations, sous prétexte qu’il s’agit d’Haïtiens illégaux.
Toujours en Haïti, la réouverture des classes, qui devait se faire normalement en septembre dernier et qui a été reportée, eut lieu finalement le 1er octobre. Par ailleurs, respectant le délai de la présidence tournante, Edgard Leblanc Fils vient de laisser sa place à Lesly Voltaire, qui préside le Conseil depuis le 07 octobre 2024 En principe, ce dernier devra rester à la tête du Conseil jusqu’au mois de mars 2025.
Depuis un certain temps, trois des neuf membres du Conseil ont été accusés de corruption par la clameur publique. L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), qui s’était saisi de l’affaire, a rendu un rapport le 2 octobre dernier dans lequel elle a confirmé les allégations de corruption. Avant de quitter la présidence du Conseil, Édgard Leblanc Fils a demandé, pour donner un signe montrant notre volonté de rompre avec la corruption, la démission de ces trois membres. Ces derniers continuent d’être en fonction. Cela étant, des mesures auraient été prises pour qu’ils n’accèdent pas à la présidence du Conseil.