Conflit au sommet de l’État, corruption, violences de gangs — autant de mots sombres qui résument une semaine tragique pour le peuple haïtien, qui ploie sous le poids d’une insécurité et d’une misère insoutenables. Chaque jour, des milliers de familles sont forcées de fuir leurs quartiers, abandonnant derrière elles écoles, commerces et maisons dans ces zones livrées aux mains des criminels.
À Port-au-Prince, une réunion a eu lieu entre le Conseil présidentiel et le Premier ministre, évoquant l’inquiétante possibilité de la présence de mercenaires étrangers dans le pays. Pourtant, malgré la gravité de ces allégations, le dialogue semble enlisé dans des querelles protocolaires. La demande de la Primature de reporter la réunion est un nouvel exemple de la lenteur et des jeux de pouvoir au sommet, loin des réalités urgentes du peuple.
Dans le même temps, le dossier de corruption impliquant des membres du Conseil présidentiel s’envenime. Les conseillers accusés de détournement de fonds publics refusent de comparaître devant la justice, invoquant leur immunité. Cette résistance alimente le désespoir et la colère dans une société où l’impunité des élites demeure un fléau. Les organisations de défense des droits humains réclament l’éviction immédiate des conseillers mis en cause pour préserver les maigres vestiges de crédibilité au sein du gouvernement.
La violence des gangs a atteint des niveaux alarmants. En seulement trois mois, 1 223 personnes ont été tuées et 522 blessées dans des affrontements sanglants entre groupes criminels. Ces chiffres, issus du rapport de l’ONU, dressent un bilan insoutenable : parmi les victimes figurent des enfants de 10 ans, ainsi que des centaines d’otages relâchés contre rançon. Cette guerre silencieuse consume les âmes et laisse une population traumatisée, abandonnée à elle-même.
Face à l’urgence, l’ONU appelle la communauté internationale à garder Haïti en haut de ses priorités, plaidant pour le déploiement accéléré de la Mission multinationale de soutien à la sécurité. De leur côté, les autorités haïtiennes ont promis de renforcer la lutte contre les gangs, mobilisant les forces de police et de l’armée pour reprendre les zones occupées. Mais sur le terrain, la réalité reste désolante. Les gangs repoussent sans cesse les limites, s’attaquant désormais aux communautés rurales isolées, comme en témoigne l’enlèvement récent de paysans à Doko.
L’appui de partenaires étrangers, comme le contingent salvadorien, pourrait renforcer cette lutte contre les gangs. Mais les défis sont immenses, et le peuple haïtien ne peut plus attendre. Les dirigeants doivent agir avec responsabilité et dignité.
Face à une nation au bord du gouffre, nous en appelons à une prise de conscience immédiate : il est temps pour les leaders politiques de se ressaisir et de retrouver la voie de l’unité, afin de s’attaquer aux vrais problèmes du pays. Haïti a trop souffert. Seule une volonté résolue, au service du peuple et de la justice, pourra redonner à cette nation une chance de réconciliation et de paix.
https://youtu.be/kVummuB2_3w