La nouvelle glace le sang. Les bandits ont planifié l’impensable : assiéger Pétion-Ville et ses environs, au cœur même de ce qui reste de la fragile capitale haïtienne. Selon Lionel Lazarre, porte-parole adjoint de la Police nationale d’Haïti (PNH), dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 novembre, deux camions bourrés d’hommes lourdement armés ont été interceptés à Post-Marchand et près de l’hôtel Oasis, à Pétion-Ville.
Ces opérations ont permis aux forces de l’ordre d’éliminer au moins 10 présumés criminels. Trois fusils d’assaut de type Kalachnikov, des centaines de munitions, et même un drone ont été saisis. Mais à quel prix ? À Museau, au même moment, des riverains ont découvert plusieurs corps sans vie. Selon les premières informations, ces cadavres seraient ceux de bandits armés qui tentaient de rejoindre Pétion-Ville à moto.
Comme si cela ne suffisait pas, hier lundi 18 novembre 2024, une attaque armée a ciblé l’Académie de police sur la route de Frères, à Port-au-Prince. Le tristement célèbre Vitelòm Innocent, chef du groupe criminel « Kraze Baryè », et ses acolytes ont ouvert le feu sans pitié sur l’établissement et l’école nationale voisine. Les balles, qui ne choisissent jamais leurs victimes, ont semé la terreur et le chaos.
Et ce n’est pas tout. En République dominicaine, un scandale éclate : l’arrestation d’un colonel, de deux capitaines et de plusieurs sergents pour leur implication présumée dans le vol de 900 000 munitions destinées à la Police dominicaine. Une quantité astronomique de projectiles volés et transportés clandestinement en Haïti. Ce trafic macabre alimente la terreur qui déchire nos rues et nos foyers.
Où est le monde ? Où est la solidarité internationale ?
Haïti est en guerre. Pas une guerre déclarée, pas une guerre qui mobilise des armées officielles ou suscite des résolutions internationales. Mais une guerre civile qui ne dit pas son nom, où des gangs armés font la loi, où des innocents tombent sous les balles, où la vie humaine n’a plus de valeur. Et pourtant, rien ne change. Le monde détourne le regard. L’indifférence est totale.
Chaque jour, des maisons civiles sont attaquées, des patrouilles policières criblées de balles, des postes de police transformés en cibles. La population, abandonnée, n’a plus qu’un choix : fuir ou se défendre elle-même, souvent avec les moyens du bord. À Cité Soleil, dans les hauteurs de Pétion-Ville, et dans tant d’autres quartiers, des vies s’éteignent par dizaines chaque jour. Les familles pleurent leurs morts, mais qui les entend ?
Haïtiens, ouvrez les yeux !
Ce n’est pas uniquement la faute des autres. Les armes ne sont pas tombées du ciel, et la violence ne s’est pas créée seule. Nous avons une part de responsabilité, et nous devons la reconnaître. L’insécurité qui dévore notre pays est le fruit de complicités, de silences, et d’un effondrement collectif. Nos institutions sont gangrenées, nos frontières poreuses, et parfois, certains parmi nous ferment les yeux ou collaborent.
Ce cri est pour vous, pour nous tous.
La communauté internationale doit entendre que nous sommes à genoux, mais que nous ne voulons pas mourir en silence. Haïti est bien plus qu’une liste de tragédies et de statistiques sanglantes. C’est un peuple fier, une culture riche, un symbole de liberté arrachée de haute lutte. Mais aujourd’hui, cette liberté est dévorée par les flammes de la violence et de l’indifférence.
Ne laissons pas Haïti disparaître dans le bruit des balles et des cris étouffés. Nous appelons à l’aide, mais surtout, nous appelons à une prise de conscience. Haïtiens, l’heure n’est plus aux divisions, mais à l’unité. Si nous ne nous levons pas pour sauver notre pays, qui le fera à notre place ?
Le monde doit voir, entendre, agir. Et nous, nous devons décider : continuer à subir, ou enfin nous battre pour retrouver notre dignité.
https://youtu.be/OGL8OYTL_GE