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Kajou Edito Éditorial # 48

Haïti, un pays sous siège et l’ombre du cynisme diplomatique
Haïti, une nation fière et souveraine, se retrouve aujourd’hui dans une situation critique. Assiégée par des gangs armés qui imposent leur loi, elle subit également des manœuvres diplomatiques troublantes de la part de certains acteurs internationaux, notamment les États-Unis. Les récentes révélations sur les rencontres entre des diplomates américains et des figures notoires des gangs haïtiens soulèvent des questions fondamentales sur le respect de la souveraineté d’Haïti et les véritables intentions de la communauté internationale.
Hélène Lalim, représentante de l’ONU, a affirmé que la fédération des gangs haïtiens a instauré une sécurité relative dans certaines régions. Une déclaration qui choque par son cynisme et qui pourrait être perçue comme une tentative de légitimer des groupes armés responsables de tant de souffrances. Mais cette posture de l’ONU n’est que le prélude à une situation encore plus préoccupante : le rôle ambigu joué par les représentants américains en Haïti.
Pamela White, ancienne ambassadrice des États-Unis, a reconnu entretenir des relations régulières avec « Barbecue », porte-parole des gangs fédérés. Plus troublant encore, l’actuel ambassadeur, Dennis Hankins, a été directement impliqué dans des échanges avec ce dernier, allant jusqu’à utiliser les ressources de l’ambassade pour le rencontrer sous prétexte de garantir la sécurité de l’ambassade. Cette admission choque, surtout après qu’il ait publiquement nié toute interaction avec des groupes armés.
Ces actes posent une série de questions graves. Faut-il y voir une nouvelle stratégie américaine pour influencer la situation en Haïti, même au prix de dialogues avec ceux qui terrorisent la population ? Jusqu’où ira le cynisme de la diplomatie américaine, et quelles en seront les conséquences pour le peuple haïtien ? Pourquoi Hankins n’a-t-il pas été déclaré persona non grata par les autorités haïtiennes pour ses actions, perçues par beaucoup comme une atteinte à la souveraineté nationale ?
Au-delà de ces événements, se profile une autre inquiétude majeure : le contrôle des ressources naturelles d’Haïti. Depuis longtemps, le pays est convoité pour ses richesses minières, et beaucoup se demandent si la communauté internationale, en particulier les États-Unis, ne cherche pas à instrumentaliser le chaos pour s’approprier ces ressources. Cette perspective soulève une indignation légitime. Pourquoi les Haïtiens eux-mêmes ne pourraient-ils pas être les premiers bénéficiaires de leurs propres richesses ? Pourquoi leur souveraineté économique est-elle constamment menacée ?
Haïti mérite mieux que le mépris et la manipulation. Elle mérite le respect en tant que nation souveraine, un soutien sincère pour rétablir la sécurité et l’État de droit, et non des ingérences qui exploitent ses vulnérabilités. Si l’avenir du pays doit être déterminé, il appartient aux Haïtiens eux-mêmes de prendre en main leur destin, avec un accompagnement international respectueux de leur dignité et de leur autonomie.

La communauté internationale, et les États-Unis en particulier, doivent réévaluer leurs politiques envers Haïti. Le peuple haïtien a trop souffert des cynismes, des ambitions cachées et des trahisons. Il est temps de lui offrir un véritable partenariat fondé sur le respect mutuel et l’humanité, plutôt que de perpétuer un système où la souffrance et la dépendance servent d’outils de domination.
https://youtu.be/En6e1HAcfcs