Les chroniques de Jorel François

Directeur du Centre Lacordaire

« Viens nous gouverner »

Jorel François

Viens nous gouverner !

Au début du mois d’avril dernier (2022) alors que le peuple français s’apprêtait à aller aux urnes pour choisir qui devait le gouverner ces cinq prochaines années, en Haïti, Raoul Peck, ancien ministre de la culture (1996-1997), dont le père fait partie de ces Haïtiens qui ont été aider l’Afrique francophone nouvellement indépendante, publie une lettre ouverte dans un journal centenaire de Port-au-Prince : le Nouvelliste. La lettre, datée du 8 avril, s’adresse à Ariel Henry, actuel premier ministre d’Haïti, et à ses amis et complices[1].

Cinéaste de formation et bien connu dans le milieu francophone sinon pour son I Am Not Your Negro (« Je ne suis pas votre Nègre », 2016) du moins pour son récent film documentaire sur Arte « Exterminez toutes ces brutes » (2022), Raoul Peck fait sans doute partie de cette poignée d’Haïtiens qui entretiennent encore une certaine espérance en l’avenir d’Haïti par-delà son passé récent et le spectacle affligeant et déshumanisant que nous avons sous les yeux. Aussi M. Peck déplore-t-il dans sa lettre qu’une certaine partie de la classe politique haïtienne s’accroche au pouvoir, qui est en Haïti une coquille vide, qu’ils partagent toutefois entre leurs proches et amis, simplement parce qu’il leur permet de jouir de certains avantages, sans rien faire de pertinent, ou plutôt se contentant d’en rajouter au malheur de ce peuple infortuné, alors que des hommes plus aptes à gouverner et plus dignes sont sciemment tenus à l’écart de la scène politique. C’est, selon R. Peck, une guerre sans merci que ces politiciens malhonnêtes mènent contre le peuple, qui ne manquera pas d’en prendre acte et qui saura leur en demander des comptes au moment opportun.

S’il faut donc saluer le courage et l’engagement de ce compatriote vivant entre les États-Unis d’Amérique et l’Europe, il convient aussi de reconnaître que la situation qu’il dénonce, en ce qui a trait à Haïti, ressemble étrangement à un double voire triple épisode ludiquement rapporté dans la bible au IX e chapitre du livre des Juges et au VIII e chapitre du premier livre de Samueld’une part, et dans Les cavaliers d’Aristophane d’autre part. Dans l’un et l’autre cas, les malversations et l’indignité de certaines autorités politiques sont stigmatisées avec la même légèreté, la même ironie ; ce qu’il faut parfois pour une certaine mise à distance dans des situations aussi terribles que dramatiques.

S’il faut se garder de fustiger l’autorité en elle-même en tant que fondamentale au service du bien commun et qu’il ne peut y avoir de groupe, de communauté ou société organisés sans cet élément aussi important, il faut donc le faire même à regret et grande consternation au nom du bien commun quand elle perd la raison de son être, ce pour quoi elle existe.

Il nous faut un roi

Au chapitre évoqué dans le livre de Samuel, le peuple d’Israël demande un roi, et Dieu, à travers le prophète Samuel lui fit savoir : si vous vous donnez un roi terrestre, sachez qu’il prendra vos fils pour en faire des soldats, il prendra vos filles pour en faire ses concubines, il prendra vos terres…

Il ne s’agit pas d’un refus pur et simple des gouvernements des hommes : il faut bien que l’on s’organise dans la cité et n’importe quelle forme d’organisation est pour ainsi dire préférable à l’anarchie. Il s’agit plutôt d’inviter à avoir présent le côté forcément imparfait, faillible de toute organisation et gouvernement humains et ne jamais oublier ce qui justifie ces derniers : le service du bien de tous. Ils se discréditent et perdent toute légitimité quand ils ne sont pas motivés par le service du bien commun.

Les rois de la terre et les autoritéshumaines ont beau prétendre représenter Dieu au milieu des hommes, ils peuvent toujours soutenir que leur pouvoir vient de Dieu et non de ceux qu’ils gouvernent– voire de supports étrangers à la population locale dans le cas de la plupart des pays de ce que depuis la deuxième moitié du XX e siècle on appelle le tiers et le quart-monde –, en réalité ils sont loin de se comporter comme se comporterait Dieu envers les hommes. Ils gouvernent souvent pour leurs propres bénéfices et pour ceux de leurs bandes, ce qui d’ailleurs justifie les luttes pour le pouvoir. Le prophète n’a pas dit cela dans le texte mais on peut tout à fait l’inférer et même aussi à partir d’autres textes bibliques (exemple 2 Samuel 15-24; Rois 1, 11-35; 2, 10-12), d’autant plus que la réalité elle-même se charge de le montrer.

N’insistons pas davantage sur le texte du livre de Samuel, les deux autres (celui pris du livre des Juges et l’autre des Cavaliersd’Aristophane) méritent d’être tout autant si ce n’est même plus longuement soulignés pour ainsi mesurer combien il peut y avoir comme un air de déjà vu dans certaines situations sans qu’il ne soit forcément question de répétition, d’éternel retour. Résumons le premier pour faire vite, et rapportons tel quel ou presque le deuxième, trop comique, trop amusant malgré la gravité de la matière pour se refuser un tel plaisir.

Le livre des Juges, comme celui de la Genèse ou d’autres livres bibliques, a beau faire partie du corpus biblique, il ne contient pas moins des récits analogues à tel ou tel autre que l’on aurait pu lire dans l’Odyssée d’Homère ou autres livres pour ainsi dire profanes. C’est le cas du récit mettant en scène Jephté sacrifiant vraisemblablement sa fille, qui rappelle étrangement l’Iphigénie des Grecs. Ou celui qui met en scène Yaël, femme meurtrière de son hôte, ou celui d’Éhoud, qui tue le roi Églon, sans mentionner les contes à propos de Samson… et tant d’autres récits semblables…

Il s’agit avant tout, dans le cas de Jephté, par exemple, de nous inviter à nous interroger sur notre rapport à la parole et au pouvoir. Cherchons-nous à conquérir le pouvoir et à nous y maintenir coûte que coûte; sacrifions-nous des vies humaines au profit du pouvoir, faisons-nous la guerre pour le conquérir et pouvoir le garder ? 

Israël venait de s’installer en Palestine. Josué, qui le conduisait jusque-là, est mort ; et c’est plutôt le spectacle de la débandade, du chaos et de l’anarchie qui est offert à des voisins qui jurent pourtant la perte de ces nouveaux-venus. Et le peuple est d’autant plus attaqué, malmené qu’il est, lui-même, divisé et sans chef pour le guider. En attendant que n’arrive Saül, son premier roi terrestre, surgissent alors en son sein quelques figures charismatiques appelées Juges. Abimélek, dont il est question par la suite, en est une, comme Déborah, Jephté ou Samson d’ailleurs.

Parabole de l’arbre-épine 

Profitant de l’anarchie régnante, Abimélek, après avoir manigancé avec ses frères du côté maternel, accède au pouvoir à Sichem. Se constituant une sorte de gang armé fait de mercenaires payés avec de l’argent reçu des mains des habitants de Sichem, il massacra ses autres frères du côté paternel. C’est alors que Jotham, le plus petit de ces derniers, réchappé du massacre, entre en scène et raconte une parabole : les arbres s’étaient mis d’accord pour introniser l’un d’eux. Ils sollicitèrent l’olivier qui refuse, parce qu’il ne voulait pas cesser de produire des olives qui donnent de l’huile pour devenir roi. La scène se répète avec le figuier, qui préférait continuer de porter des figues au lieu de devoir aller régner sur d’autres arbres. Et ce fut de même pour tous les autres arbres, sauf pour un qui ne savait que produire des épines. Il accepta de devenir le roi des autres arbres. Mais ces derniers ont vite déchanté de sa prétendue générosité et abnégation.

Cette parabole mise dans la bouche de Jotham rappelait sans doute en partie le processus qui avait conduit Abimélek au pouvoir, mais encore elle était aussi, au moins en partie, une sorte de prophétie faite aux gens de Sichem qui avaient contribué à son accès au timon des affaires. Car après seulement trois ans passés sous la gouvernance d’Abimélek, les gens de Sichem regrettèrent de l’avoir choisi pour régner sur eux…

L’image de l’arbre-épine de la parabole est déjà à elle seule assez éloquente. Elle n’est pas du tout prise au hasard. On ne cueille pas des figues sur des épines, pouvons-nous lire en Luc 6, 44 ou en Matthieu 7, 16.

Généralement dans la Bible, l’arbre-épine est non seulement stérile mais encore il empêche les arbres se trouvant dans son voisinage ou sous son ombre de porter des fruits (Jérémie 4, 3 ; Luc 8, 14). C’était donc à prévoir qu’il ne pouvait donner de bons résultats et qu’il était à rejeter, en raison même de sa nocivité et sa stérilité (2 Samuel 23, 6). Inutile et nuisible, il n’est bon qu’à être coupé et brûlé au feu (Isaïe 33, 12).

Gouvernement et crapules

Le deuxième, ou plutôt letroisième texte que nous avons évoqué, est pris non du milieu sémitique et biblique, mais européen, grec, athénien.

Nous sommes au Ve s av. J.C., Athènes traverse une crise profonde dans son histoire. Les guerres se succèdent dont celle de Péloponnèse, la plus longue. Et la cité-empire est gouvernée par des élèves des sophistes, des manipulateurs du verbe préoccupés de leur réussite personnelle. Cléon, qui n’est nommé qu’une fois dans le texte mais reconnaissable au premier coup d’œil, en est probablement un. Ayant rejoint le général Démosthène, en 424 av. J.C., il avait triomphé des Lacédémoniens, et emmené de Pylos des soldats spartiates en captivité comme monnaie d’échange à Athènes. Il avait fait ce que le général Nicias croyait ne pas pouvoir faire dans le délai qui lui étaitimparti. Auréolé de cette courte gloire militaire (car la guerre continuait), il jouissait de beaucoup de prestige auprès du peuple et bénéficiait de la plus grande reconnaissance que l’on pût faire à un citoyen de la cité athénienne : être nourri au Prytanée, c’est-à-dire aux frais de l’État, et avoir le plaisir de s’asseoir au premier rang dans les spectacles, alors que ce n’a même pas été le cas pour le grand Périclès.

Mais le comédien Aristophane n’avait pas oublié que Cléon, l’homme fort du moment et son ennemi, était aussi un démagogue. Quelques années auparavant, Cléon déjà en position de pouvoir, avait failli le faire condamner suite à la représentation d’une pièce (Les Babyloniens) qui n’a pas été conservée par l’histoire mais dans laquelle le comédien s’en prenait à la classe politique athénienne. Cherchant à lui faire rendre ses comptes et, à travers lui, à toute cette classe politique corrompue, Aristophane le met de nouveau en scène dans Les cavaliers. Il en appelle à le démettre cette fois du rang qu’il occupait pour le donner à un autre, tandis que lui, il prendrait la place de ce dernier.

Jeu de chaise qui montre combien Cléon, au regard d’Aristophane, n’était pas digne du pouvoir, du prestige dont il jouissait et des bénéfices qui l’accompagnaient d’une part. D’autre part, la place auparavant occupée par Cléon se trouvait pour ainsi dire rabaissée par le fait même qu’Aristophane plaidait pour qu’elle soit attribuée à pire que lui. Et l’infortuné Cléon de reconnaître que si d’aventure la charge lui était enlevée, ce n’est pas un homme honnête mais un fripon pire que lui qui l’aurait.

Il faut comprendre alors que la vraie victime dans l’affaire n’était pas tant Cléon que Dèmos-Peuple, entouré de fripons qu’il était. Reprenons quelques éléments de la pièce pour en avoir le cœur net.

Des autorités-marchands-de-boudins

Aristophane présente donc le pouvoir du peuple comme étant aux mains d’un marchand d’étoupes, puis d’un autre, de moutons. Un serviteur de Dèmos est allé le proposer à un marchand de boudins. Le Serviteur interpelle ce dernier et lui fait croire que, conformément à un présage, c’était lui le « Sauveur de l’État » et qu’il était alors de son devoir d’accepter la charge.

Le Marchand de boudins, un peu gêné, réplique : « que ne me laisses-tu laver mes tripes et débiter mes boudins… ». Mais l’autre d’insister : « De tout ce monde, toi, tu seras le Grand Roi. Tu règneras sur l’Agora, et sur les ports… ».

Ayant pris goût au jeu, le marchand de boudins acquiesce, mais demande finalement stupéfié: « dis-moi seulement comment moi, marchand de boudins, je deviendrai un ‘personnage’… ? »

Et le Serviteur de Dèmos de lui répondre : « Précisément, c’est en effet pour cela, vois-tu, que tu deviens grand, parce que tu es un gueux, un voyou, un audacieux ».

Le Marchand de boudins, qui n’est quand même pas fou, confesse : « je ne me crois pas digne d’un pouvoir ». Mais le Serviteur, qui ne l’entend pas de cette oreille, réplique : « Ouais, qu’est-ce qui peut bien te faire dire que tu n’en es pas digne ? Tu m’as l’air d’avoir sur la conscience quelque chose…d’honnête. Serais-tu fils d’honnêtes et braves gens ? »

Et le marchand de boudins à son tour de rétorquer tout net : « Non, par les dieux ! rien que des gueux ». Le faiseur de roi, qui n’a pas froid aux yeux, réplique : « Heureux homme !quelle chance  est la tienne ! comme te voilà bien doué pour les affaires ! »

« Mais, mon brave, confesse le marchand de boudins, je n’ai pas la moindre instruction ! Je sais mes lettres, et encore, vrai, bien peu, bien mal ».

Du tac au tac, le Serviteur de Dèmos explique : « ton seul tort est de les connaitre, même ‘bien peu, bien mal’. Mener le peuple n’est pas le fait d’un homme instruit et de bonnes mœurs, mais cela demande un ignorant, un coquin. Allons, ne dédaigne pas ce que t’offrent les dieux dans leurs oracles ».

Comment faut-il m’y prendre pour gouverner ? s’inquiète le Marchand de boudins pour une dernière fois.  Le Serviteur de Dèmos, qui semblait avoir réponse à tout, explique : « c’est bien simple. Ce que tu fais d’ordinaire, continue à le faire. Brouille, trip….ote, mêle les affaires toutes ensemble ; et quant au peuple, gagne-le toujours par de petits mots sucrés, de bonne cuisine. Tout le reste, tu l’as par surcroît pour devenir démagogue : voix crapuleuse, naissance vile, façons de voyou. Tu as pour le gouvernement tout ce qu’il faut ».

Grâce à l’appui des Cavaliers, un corps d’élite de jeunes nobles armés et à cheval, eux-mêmes aussi ennemis de Cléon, le Marchand de boudins se met à faire ce que faisait ce dernier, qui se trouve à son tour réduit à faire le métier de marchand de boudins.

Le dindon de la farce : toujours le peuple

Alors que la démocratie athénienne conduisait vers le naufrage de la longue guerre de Péloponnèse, à Athènes, le peuple était servi de discours creux qui le flattaient. Il donnait  le pouvoir à qui mieux mieux, quand les guerres elles-mêmes se prolongeaient en raison des intérêts que tel ou tel autre stratège en tirait. Les serviteurs de l’État se faisaient la part belle et au peuple allaient les miettes.

Sous la plume d’Aristophane, alors que, tel que faisaient quelques-uns de ses pairs, Cléon repousse les occasions de paix pour mieux profiter de l’État, le marchand de boudins l’avertit que le peuple saura un jour lui en demander des comptes.

En Haïti, le peuple peut-il encore se réveiller, pourra-t-il encore un jour demander des comptes ? jusqu’à quand existera-t-il encore comme peuple et pourra-t-il tenir le coup ?

Si le peuple grec recevait quand même des miettes de ses dirigeants profiteurs, le peuple haïtien, lui, n’en reçoit rien, et même il n’est pas flatté. Et pourquoi le serait-il quand on ne sait que trop que ce n’est pas vraiment lui qui donne le pouvoir ? Aussi,quand il cherche à dire qu’il en a assez, est-il traité à coup de grenade et de fusils. Pris en otage par des gangsters armés ou en cravate, claquemuré sur une partie de l’Île dont il ne bénéficie pas des richesses, sans électricité ni eau, ni autre service basique analogue, à peine a-t-il de quoi manger.

Vous avez dit : pouvoir d’achat ?

Toute proportion gardée, si un français était un haïtien vivant en Haïti et recevait ce que reçoit un haïtien comme salaire pour son travail, il faut savoir quand même que, mutatis mutandis, ce serait plus de la moitié de ce salaire gagné qu’il faudrait dépenser pour avoir un repas chaud. Et dire qu’il faudrait aussi compter sur ce même salaire pour nourrir toute sa famille qui devrait, elle aussi, manger trois fois par jour, et s’en servir de surcroit pour couvrir d’autres besoins à commencer par les plus fondamentaux : se loger, se faire soigner, se déplacer…

À partir de cet exemple, sans le secours de la diaspora haïtienne fidèle à tendre la main aux siens restés dans le pays, on peut imaginer le calvaire permanent de cet infortuné peuple pour joindre les deux bouts. Cette déchéance commence pour de bon au moins depuis que les Haïtiens ont vu leur cheptel porcin exterminé. Ce type de porcs analogues à ceux que l’on retrouve aujourd’hui encore en Corse ou dans d’autres endroits dans la Caraïbe, comme en Jamaïque par exemple, hérité des porcs introduits par les envahisseurs espagnols au XV e siècle, bien adaptés aux conditions locales, constituaient la base de l’économie de la plupart des familles haïtiennes. Leur disparition s’est ajoutée à l’effondrement du prix du café sur le marché international. Les efforts faits pour reconvertir la production ont conduit à arracher les caféiers et à l’accélération du processus de déboisement. Faute d’arbres pour retenir la terre arable dans un pays montagneux, elle s’en va à la mer par temps de vent ou de pluie. En conséquence, l’agriculture devient de moins en moins possible: les conditions pour la pratiquer n’étant plus réunies. Ayant perdu son autonomie alimentaire, le pays est devenu presqu’entièrement dépendant des produits importés. Tout récemment encore, ce qui  restait de canaux d’irrigation pour la riziculture, une industrie non subventionnée par l’État et de surcroît fortement concurrencée par le riz importé des États-Unis d’Amérique, a été saboté dans l’Artibonite (au Nord-Ouest de la République)… Et le peuple continue d’avoir à sa tête des dirigeants écervelés, sans colonne vertébrale et sans scrupule, des mercenaires qui creusent encore plus les sillons de la misère.

Parce que rien ne semble présager que cette descente aux enfers est prête de s’arrêter, M. Peck, comme d’autres qui lui ressemblent, n’est alors pas au bout de sa peine.

 

 

[1] Raoul PECK, « Lettre ouverte à Ariel Henry et amis complices », dans Le Nouvelliste, 11 avril 2022.